D’un art sacré à un métier d’art

La plumasserie est aussi ancienne que les sociétés humaines. L’art plumaire est un art sacré pratiqué par des groupes sociaux grâce à l’utilisation de plumes d’espèces différentes d’oiseaux lors de grands événements, de pratiques rituelles et de cérémonies (en Amérique latine, chez les peuples amérindiens et au Brésil par exemple).

À l’époque de Charlemagne, les élégants se paraient de plumes de paon et de flamants. Au XIIIe siècle, les prélats et les grands seigneurs portaient des chapeaux ornés de plumes de paon. La consommation de ces plumes était assez grande pour faire vivre une corporation : les chapeliers de paon. Leur statut fut homologué au XIIIe siècle et ils prirent au XVe siècle le nom de plumassiers.

 

 

Les plumassiers employaient surtout les plumes d’autruche, de héron, de coq, d’oie, de vautour, de paon et de geai. Sous Louis XIV et jusqu’à la Révolution, les plumes figurèrent dans la parure des femmes et même des hommes. Elles devinrent, en particulier à la fin du XVIIIe siècle, l’objet d’une véritable passion. Le nombre de maîtres plumassiers, dans Paris, était de 25 à la fin du XVIIIe siècle.

Cette activité s’est peu à peu développée au point d’acquérir, en particulier au XIXe siècle, un statut commercial et industriel. C’est vers 1890 que l’industrie de la plume connaît son plus vif succès. À Paris, on comptait près de huit cents maisons qui employaient six à sept mille personnes. La quantité de travail était telle que les plumassiers ne s’occupaient que d’une catégorie de plume à la fois ; l’un s’occupant de la plume d’autruche blanche, l’autre de la noire, d’autres de la teindre de couleurs vives…

 

 

La plume fut l’accessoire en vogue du vêtement féminin jusqu’aux années 1960. La seconde moitié du XXe siècle voit la fin de l‘utilisation des plumes dans la mode. Le port du chapeau tombe en désuétude, entraînant la disparition des maisons des plumassiers. Le nombre de maisons de plumassiers françaises a chuté, passant de plus de trois cents dans les années 1900 à une cinquantaine en 1960.

La profession perdure à travers quelques rares professionnels de la haute couture, du spectacle ou de la création. Les 3 entreprises qui subsistent à Paris (ou proche Paris) sont la Maison Lemarié spécialisée dans la haute couture, la Maison Février et la société Marcy pour la confection haut de gamme et le music-hall.

 

 

Plusieurs artisans d’art indépendants, répartis sur tout le territoire français, se sont également spécialisés dans ce métier d’art et font perdurer le savoir-faire. Ils travaillent tous dans le respect de l’animal en utilisant des plumes de mues, des plumes récupérées sur des animaux d’élevage ou encore, des plumes d’autruches dont on coupe les plumes tous les 9 mois comme on tond un mouton.

« La plume est un moyen d’expression et une vraie source de créativité. Car chaque plume s’exprime dans son propre langage, détient sa propre vérité, chaque création réveille l’imaginaire et fait naître l’émotion et la surprise. »
Les artisans d’art réinterprètent et détournent la matière au gré de leurs envies et celles de leur client. La plume rayonne sur les podiums Haute couture et apparaît également aujourd’hui dans les galeries d’art et la décoration d’intérieur.

 


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