Les « Aliénés » du Mobilier National rencontrent des artistes
Un Aliéné du Mobilier National est un objet libéré de son appartenance aux collections nationales. Ainsi, il gagne une forme d’indépendance et peut être vendu, modifié, dépecé pour en récupérer les matériaux ou même être détruit. « Aliéné », terme du XIIe siècle, signifie « rendre autre ». Il conserve son sens premier lorsqu’il s’agit d’objets mobiliers.
Depuis le XVIIe siècle, le Garde-Meuble de la Couronne, devenu Mobilier National, doit régulièrement « aliéner » de ses collections la part du mobilier dénuée d’usage et ne présentant ni intérêt historique ni intérêt artistique. Une fois « aliénables », ces meubles déclassés deviennent des meubles ordinaires et tombent le plus souvent dans l’anonymat.
Anonymes et pourtant utilisés au Palais Royal, au château de Rambouillet, aux écuries de l’Alma, à la DGSE, au palais de l’Elysée pendant de longues années… ces meubles modestes ont été témoins de l’Histoire.
Aussi, le Mobilier National a-t-il sollicité l’imaginaire de sculpteurs, de designers, de brodeurs, de plasticiens, de verriers ou encore de graveurs qui ont tenté cette expérience dans un souci commun de responsabilité et de développement durable, pour attirer l’attention sur l’immense vivier de matériaux, de style et de savoir-faire que représente ce patrimoine. Découvrez quelques exemples de créations uniques.
Parti d’un plafonnier à vasque d’albâtre, l’artiste décuple la taille de l’objet initial en imaginant un large lustre de forme classique entièrement réalisé de cheveux. Il réemploi la monture de bronze d’origine et respecte les lignes de la tradition. Cette réalisation doit être considérée comme un geste d’accord entre un passé et un futur.
Deux tables de chevet en bois peint, style Louis XVI, interprétations du XXe siècle, renaissent, décorées de marqueterie de paille. Un artiste verrier intervient sur une monture classique de lanterne de la fin du XIXe siècle. Elle l’habille de plaques de verre cintrées à chaud et enrichies d’applications de couleur.
D’un simple bureau du XXe siècle de style Empire, une artiste nous invite dans un voyage sous-marin à la découverte de quelque épave merveilleuse envahie par la vie sous-marine multicolore des mers chaudes. Entièrement décoré à la main avec des chutes de cuir.
Une table de décharge pétrifiée dans une gangue de pierres.
Ajouter à une commode une corde nouée simulée suggère un ballot. Ce lien évoque les savoir-faire contemporains et anciens lorsqu’ils se rejoignent dans une démarche vertueuse.
Une sculptrice et lainière intervient sur une armoire. L’apparente modestie de son intervention révèle les champs du possible pour du mobilier de facture simple qui peut aisément retrouver ainsi une mise à l’honneur délicate, capable de variations à l’infini dans des registres originaux et créatifs.
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